samedi 31 janvier 2009

La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite et autres contes : Olivier Clerc

Le roi transformé en grenouille, eh non, la grenouille transformée en prince ? Toujours pas !
C’est l’histoire d’une ...

Le langage symbolique à toujours été un moyen privilégié pour faire réfléchir, pour transmettre des idées. Ici, la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, met en évidence les dangers due à l’inconscience de la dérive progressive de notre société.
Mais il y a aussi six autres fables, venues du monde entier qui réveillent notre conscience. Des petites graines semées qui peuvent nous aider à cultiver notre jardin intérieur. (Un petit clin d’œil à grand-mère).

Extrait du premier chapitre :

Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager.
La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, mais elle ne s’affole pas pour autant, surtout que la chaleur tend à la fatiguer et à l’engourdir.
L’eau est vraiment chaude, maintenant. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle support, elle s’efforce de s’adapter et ne fait rien.
La température de l’eau va ainsi continuer de monter progressivement, sans changement brusque, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.
Plongée d’un coup dans une marmite à 50°, la même grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.
Cette expérience est riche d’enseignements. Elle nous montre qu’une détérioration suffisamment lente échappe à la conscience et ne suscite, la plupart du temps, pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte de notre part. N’est ce pas précisément ce que nous observons aujourd’hui dans de nombreux domaines ?
La santé par exemple, peut se détériorer insensiblement mais surement. La maladie est souvent le résultat d’une alimentation dévitalisée, industrialisée, encrassante –voir toxique-, couplée avec le manque d’exercice, le stress et une gestion maladroite de nos émotions et de notre vie relationnelle. Certaines maladie mettent ainsi dix, vingt ou trente ans à se mettre lentement en place, le temps que notre, corps et notre psyché parviennent à saturation de toxines, de tensions, de blocages, de non-dits, de refoulements. Notre accoutumance à certains désagréments mineurs, ajoutée à la perte de sensibilité et de vitalité, fait que nous ne réagissons pas à cet insensible affaiblissement de notre santé avant que n’apparaissent des pathologies plus profondes, plus graves, plus lourdes à traiter…
… Au plan social, on observe un déclin régulier et constant des valeurs, de la morale et de l’éthique. D’année en année, cette dégradation s’effectue assez lentement pour que peu d’entre nous s’en offusquent. Pourtant, comme la grenouille que l’on plonge brusquement dans de l’eau à 50°, il suffirait de prendre le Français moyen du début des années 80 et, par exemple, de lui faire regarder la TV d’aujourd’hui ou lire les journaux actuels pour observer de sa part une réaction certaine de stupéfaction et d’incrédulité. Il peinerait à croire que l’on puisse un jour écrire des articles aussi médiocres dans le fond et irrespectueux dans la forme que ceux qu’on lit fréquemment aujourd’hui, ou que puissent passer à l’écran le genre d’émissions débiles qu’on nous propose quotidiennement. L’augmentation de la vulgarité et de la grossièreté, l’évanouissement des repères et de la moralité, la relativisation de l’éthique, se sont effectués de telle façon - au ralenti - que bien peu l’ont remarqué ou dénoncé. De même, si nous pouvions être subitement plongés en l’an 2025 et y observer ce que le monde sera devenu d’ici là, s’il continue dans la même direction, sans doute serions nous encore plus interloqués, tant il semble que le phénomène s’accélère (accélération rendue possible par la vitesse à laquelle nous sommes bombardés d’informations nouvelles, nous en perdons tout repère stable). Notons, d’ailleurs, que les films futuristes s’accordent à nous présenter un futur avenir " hyper-technologique " des plus noirs…
….Ce que nous enseigne l’allégorie de la grenouille, c’est que chaque fois qu’une détérioration est lente, faible, presque imperceptible, il nous faut une conscience très aiguisée pour nous n rendre compte, ou encore une bonne mémoire, un étalon fiable d’après lequel évaluer l’état de la situation. . Or il semble que ces facteurs soient tous trois aujourd’hui chose rare.
1. Sans conscience, nous devenons moins qu’humain, mus par les seuls instincts et automatisées. La conscience est donc une condition sine qua non de notre humanité : pas de vraie pensée, pas de réflexion, pas de libre arbitre sans conscience. Inconscient, l’homme est dot, au propre comme au figuré. C’est pourquoi l »éveil » est au cœur de toutes les formes de spiritualité.
2. Privé de mémoire, nous pourrions passer chaque jour de la clarté à la nuit (et inversement) sans nous en apercevoir le moins du monde, car les changements d’intensité lumineuse sont trop lents pour être perçus par la pupille humaine. C’est la mémoire qui nous fait prendre conscience a posteriori de l’alternance du jour et de la nuit, comme c’est elle qui nous permet de mesurer toutes ces évolutions subtiles qui ont lieu en nous et autour de nous, à un rythme très lent. Sans mémoire, pas de comparaison, pas de discernement, donc pas d’évolution possible.
3. Enfin, l’une des raisons pour lesquelles la grenouille finit par cuire, pourrait-on dire, c’est qu’elle na pas de thermomètre autre que sa peau pour apprécier l’élévation progressive de la température : elle n’a pas d’étalon fiable à l’aune duquel apprécier l’évolution de la situation. Et nous, quels sont nos étalons ? Comment évaluons-nous la température ambiante ? D’après quelles références déterminons-nous la qualité de notre vie, celle de notre santé, celle de la société ?...
….Sans horizon vers lequel tendre, à quoi bon nous bouger ? L’idéal est un remède à la fois au statu quo et au déclin.
Résultat :
- Abrutie par un excès de stimulations sensorielles, la conscience s’endort.
- Gavée par trop d’informations inutiles, la mémoire s’émousse.
- Privé d’étalon, nous n’avons plus de repères stables.
- Asphyxié sous le matérialisme et le consumérisme, notre idéal se ratatine et meurt.
Inconsciente, amnésique et blasée, la grenouille n’a dès lors plus qu’à se laisser cuire…Et c’est ainsi qu’une part de la société s’enfonce ainsi dans l’obscurité morale et spirituelle, avec le délitement social, la dégradation environnementale, la dérive faustienne de la génétique et des biotechnologies, et l’abrutissement de masse - entre autres symptômes - par lesquels cette évolution se traduit.
Le principe de la grenouille dans la marmite d’eau est un piège dont nous ne nous méfierons jamais trop si nous avons pour idéal la recherche de la qualité, de l’évolution, du perfectionnement, si nous refusons la médiocrité, le statu quo, le laisser-faire. En effet, la loi de la matière, livrée à elle-même, est l’entropie. Ce dont on ne prend soin, ce qui est laissé à l’abandon décline, se dégrade, qu’il s’agisse du corps, d’une relation, d’un jardin, de l’organisation sociale d’un pays, etc...Tout demande de l’entretien, de l’énergie, de la vigilance, des efforts...
…De manière plus générale, comment ne pas succomber au piège de la grenouille dans la marmite d’eau, individuellement ou collectivement ?
En ne cessant d‘élargir et d’accroître notre conscience, d’une part, en aiguisant notre mémoire pour conserver des éléments de comparaison entre le passé et le présent, ainsi qu’en ayant recours , d’autre part, à des talons fiables pour évaluer les changements, étalons que l’on prendra soin de choisir parmi les moins sujets aux fluctuations des modes, des époques et des tendances. Enfin, en faisant d’idéaux élevés le carburant d’un constant dépassement de soi. Ce n’est pas un hasard si l’entraînement et le développement de la conscience sont l’un des points communs de toutes les pratiques spirituelles : conscience de soi, conscience du corps, conscience du langage, conscience de ses pensées, conscience de ses émotions, conscience d’autrui, état de conscience supérieur. Au-delà de tout dogme, de toute doctrine, de toute idéologie, nous devrions d‘ailleurs considérer l’élargissement et l’accroissement de notre conscience - bien plus que le développement des seules facultés intellectuelles - comme un comportement fondateur de notre statut d’humains et comme un moteur indispensable à notre évolution...


La cuisson : bleu, saignant, à point, il faut choisir !
Merci, j’ai beaucoup aimé.
Un beau cadeau de Noël pour grandir et aider ceux que l’on aime à grandir.

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