dimanche 29 mars 2009

Pèlerin sans église, Jean-Claude Bourlès


Dos de la couverture :

« Je ne suis pas parti que la confusion, déjà, s’installe dans mon esprit. Pourquoi suis-je ici, sur ce chemin de foi reconnu et sanctifié par trois religions monothéistes, alors que je ne crois ni ne pratique en aucune confession ? Un pèlerin sans foi et sans Église ! Plus modestement, un agnostique qui, rompant l’immobilité de la nuit, se met en marche vers un rendez-vous où personne ne l’attend. »

Il est question

de questionnement
de lieux
de soif de foi
de révolte
de marche
de chemins
d’intinéraires
de vie...

Un voyage ? Le voyage de la vie ?


Un chapitre :

Abbaye Saint –Martin de Mondaye. Je voulais donc voir l’Apôtre, et rencontrai son buste dans la cathédrale en liesse. En s’achevant sur les terres de Galice, mon périple ne faisait en fait que commencer. Connu et partagé par tous mes confrères en chemin, le difficile apprentissage du retour m’attendait dans l’ultime leçon d’un enseignement dont je n’avais peut être pas retiré toute la quintessence. Chemin de foi ou itinéraire spirituel, le pèlerinage s’apparente à une ascèse par le dépouillement dans lequel se plonge volontairement le peregrino. Un dépouillement menant rapidement au dénuement, ne serait ce que par la teneur de la démarche qui ne peut s’encombrer de charge ni de surcharge. Dénuement matériel donc, selon la règle « Allez sur le léger », formulée par les évêques aux passants du Moyen Âge, dépouillement par l’abandon de sécurité et de confort, autant que par acceptation des risques encourus, cette « mise à merci » déjà évoquée. Même limité dans le temps, cette ascèse n’est pas sans laissé de traces chez l’individu qui, confronté aux différentes adversités du chemin, modifie sa perception du monde et les règles régissant son existence. Pas plus qu’un autre – et peut être moins- je ne pouvais échapper à cette constante du retour. Décidant de « vivre autre chose », je concrétisais en fait le projet longtemps caressé de vivre « libre » en rompant avec un système au sein duquel j’évoluais dans une contradiction de plus en plus lourde, entre le discours tenu et la réalité d’un vécu confortable. Bien que ses lignes puissent y faire penser, je ne suis pas à l’heure des bilans, mais si tel était le cas, je dirais, que cet aller vers Compostelle agit comme une révélation. Un acte connaissance de cause, que cet aller vers Compostelle agit comme une révélation. Un acte conséquent et décisif dans plusieurs domaines, dont celui de l’approfondissement personnel. A mon retour, les dés étaient lancés. Ca fameux coup de dés qui, selon Mallarmé, « jamais n’abolira le hasard », et pourtant…Touchant au but, le chemin ne faisait que commencer. Je le savais. Au point de saluer l’Apôtre trônant au portique de la gloire d’un retentissant « Hasta pronto, Senor », avant de m’en retourner chez moi. Ne pas tenir promesse eût été se parjurer. Je revins donc, tout simplement.
Ceci est une autre histoire, mais est-elle si différente de celle de mes compagnons de chemin ? J’en doute. Sinon la lumière, la pause, ou l’illumination, que chercheraient-ils ces perigrinos navigant à vue sur ces chemins de vérité ?

Extraits :

« Où commence et où s'achèvera lechemin ouvert (...) au sortir de la cathédrale du Puy-en-Velay ? »
« C'est bien ce choix qui me fascine (...), cette marche à merci d'hommes et de femmes, de tous âges et de toutes convictions, décidant de rompre le rythme de leur vie quotidienne pour faire le point avec eux-mêmes, revivifier leur foi, que sais-je encore, en marchant plusieurs semaines ou quelques mois sur des chemins de haute solitude. »
« En fait, je veux tout. Tout voir et tout comprendre (...). Aurai-je bientôt fini de naître ? Quelle naissance ou renaissance ? Je me le demande comme on sollicite une orientation ».
« Es-tu croyant, ou crois-tu croire ? Très honnêtement, je ne peux aujourd'hui me dire croyant alors que je bute sur les dogmes et refuse une partie du Credo. Mais aussi sincèrement, oui, j'aimerais croire. Quel chemin reste-t-il à parcourir au pèlerin sans Église, pour relier ces deux antagonismes ? ».

Jean-Claude Bourlès termine son livre en reprenant les derniers mots bernanosiens du petit curé s’Ambricourt, ultime témoin de la pitié sacrée, selon Malraux : «Qu’est-ce que cela fait? Tout est grâce.»

Compagnon de trois matinées lumineuses,
ce livre,
trop tôt terminé,
va illuminer le cœurs d’amis lecteurs.
Merci