lundi 2 février 2009

Die Jahreszeiten (Les saisons), Joseph Haydn


Les saisons de Joseph Haydn (1732-1809) donné en mars 1799

Les Saisons ne constituent pas stricto sensu un oratorio, c'est-à-dire une œuvre morale qui, à la base de textes sacrés ou pieux, a pour objet d'édifier les fidèles ; puisque l’œuvre est basée sur un poème de l'écrivain écossais James Thomson (1700-1748).
Un trio de personnage commente le quotidien du passage des saisons dans la vie rurale - le fermier Simon (baryton), sa fille Hanne (soprano) et Lukas (ténor), le jeune promis de celle-ci – Ces personnages servent d'intermédiaires entre les spectateurs et les pouvoirs supérieurs, qu'ils soient humains ou divins. Les mélodies des trois paysans sont fondées sur de la musique "populaire", alors que les vastes fresques chorales sont plus lyriques.

Pour apprécier toute la saveur de la musique, il est utile de comprendre le déroulé de l’action. De saisir la force du soleil au mois d’aout, qui au zénite, écrase de chaleur tout ce qui vie. Ou encore le silence avant l’orage qui va éclater…

Textes du livret Die Jahreszeiten (les saisons) de Joseph Haydn

Le printemps

N°1 Introduction : Décrit le passage de l’hiver au printemps

Simon :
Vois comme le dur hiver s’enfuit !
Il s’échappe vers le pole lointain.
Sur son appel le suit l’armée bruyante de sauvages tempêtes avec des hurlements affreux

Lucas :
Vois comme la neige s’égoutte en flots troubles du rocher abrupt !
Jeanne
Vois arrivant du sud, attiré par les vents attiédis, le messager du printemps.

N°2 Chœurs des Paysans

Les Paysans :
Viens, doux printemps, don du Seigneur, viens !
Fais sortir la Nature de son sommeil mortel !

Les Filles et les Femmes :
Il approche, le doux printemps ; déjà nous sentons son souffle doux, bientôt tout renaîtra.

Les Hommes :
Ne jubilez pas trop vite !
Souvent l’hiver, environné de nuages, se glisse à nouveau et répand son poison givré sur les fleurs et les germes.

Tous :
Viens, doux printemps, don du Seigneur, viens !
Descend sur nos campagnes, viens, doux printemps, viens et ne nous fais plus attendre.

N°3 Récitatif

Simon :
Du Bélier, les rayons du clair soleil à, présent nous parviennent.
Brouillards et froids se dissipent, des souffles tièdes s’exhalent.
Le sein de la terre s’entrouvre ; l’air en est tout réjoui.

N°4 Air

Simon :
Le laboureur s’empresse au travail des champs ; il suit en sifflant le soc tout au long des sillons.
D’un pas mesuré, il jette au loin son grain ; le champ l’enserre et le fait murir en une riche moisson.

N°5 Récitatif

Lucas :
Le Paysan à accompli son ouvrage sans épargner sa peine.
Il attend sa récompense des mains de la nature et implore le ciel.

N°6 Prière

Lucas et le Chœur :
Sois miséricordieux, doux ciel !
Ouvre-toi et accorde ta bénédiction à notre pays !

Lucas :
Fais que ta rosée humecte la terre !

Simon :
Fais que ta pluie inonde les sillons !

Jeanne :
Fais que les vents soufflent avec douceur et que ton soleil brille clair !

Tous les trois :
Nous aurons alors l’abondance et nous célébrerons ta bonté.

Le Chœur :
Sois miséricordieux, doux ciel !

N°7 Récitatif

Jeanne :
Notre vœu est exaucé ; le doux vent d’ouest nous réchauffe et apporte d’humides vapeurs.
Elles s’accumulent et s’écoulent et arrosent au sein de la terre le fruit et la richesse de la nature.

N°8 Chant de Joie

Jeanne :
Oh, comme il est tendre le spectacle des prairies !
Venez les filles, venez danser dans les chants remplis couleurs !

Lucas :
Oh, comme il est tendre le spectacle des prairies !
Venez les garçons, venez danser dans les verts bocages !

Jeanne et Lucas :
Oh comme il est tendre, etc …

Jeanne :
Voyez les lis, voyez les roses, voyez toutes les fleurs !

Lucas :
Voyez les prés, voyez les prairies, voyez tous les champs !

Le Chœur :
Oh comme il est tendre, etc…

Jeanne :
Voyez la terre, voyez l’eau, voyez l’air serein !

Lucas :
Tous revit, tout est suspendu, tout s’agite.

Jeanne :
Voyez les agneaux comme ils bondissent !

Lucas :
Voyez les poissons quel grouillement !

Jeanne :
Voyez les abeilles comme elles bourdonnent !

Lucas :
Voyez les oiseaux quel volètement !

Le Chœur :
Tout revit, etc…

Les filles :
Quelle joie, quelle ivresse submergent nos cœurs !

Les garçons :
Un doux bonheur, un doux charme soulèvent notre poitrine !

Simon :
Ce que vous sentez, ce qui vous enchanté, c’est le souffle du Créateur.

Le Chœur :
Honorons le, louons le, glorifions le !

Les hommes :
Faites sonner bien haut vos voix pour le remercier !

Le Chœur :
Pour le remercier, que nos voix résonnent bien haut !
Dieu éternel, puissant, bienfaisant !

Jeanne, Lucas, Simon :
Tu nous as réconfortés de ton repas béni.

Les hommes :
Dieu puissant !

Jeanne, Lucas, Simon :
Tu nous as abreuvés du fleuve de tes joies.
Dieu bienfaisant !

Le Chœur :
Dieu éternel, puissant, bienfaisant !

Simon :
Eternel !

Lucas :
Puissant !

Jeanne :
Dieu bienfaisant !

Le Chœur :
Sois honoré, loué et aimé,
Dieu éternel, puissant, bienfaisant !

L’été

N°9 Récitatif L’introduction dépeint l’aube du jour

Lucas :
La tendre lumière du matin approche en voiles grises et devant elle, l’indolent nuit se retire à pas nonchalants.
La troupe aveugle des oiseaux morts s’enfuit vers de sombres grottes ; leurs cris accablants et plaintifs n’oppressent plus les cœurs angoissés.

Simon :
Le héraut du jour s’annonce ; de ses accents joyeux il appelle à nouveau au labeur le paysan reposé.

N°10 Air et récitatif

Simon :
Le berger allègre rassemble les joyeux troupeaux ; il les pousse lentement vers les grasses prairies des vertes collines.
Appuyé sur son bâton il observe maintenant l’Orient pour voir le premier rayon du soleil qu’il attend impatiemment.

Jeanne :
L’aurore commence à poindre ; la légère nuée se dissipe comme une fumée, le ciel se remplit dans le clair d’azur et le sommet des montagnes dans un or flamboyant.

N°11 Trio et Chœur

Jeanne :
Le soleil se lève, il monte.

Jeanne, Lucas :
Il approche, il vient.

Jeanne, Lucas, Simon :
Il rayonne, il brille.

Le Chœur :
Il brille dans sa splendeur éclatante, dans sa flamboyante majesté.
Gloire au soleil, gloire !
Source de la lumière et de la vie, gloire !
O, toi œil et âme de l’univers, toi, la plus belle image de la divinité, nous ta saluons avec reconnaissance !

Jeanne, Lucas, Simon :
Qui, peut exprimer toutes les joies que tes faveurs éveillent en nous ?
Qui peut compter les bienfaits dont ta clémence nous inonde ?

Le Chœur :
Qui peut les exprimer ?
Les bienfaits, qui peut les compter ?
Qui les exprime ? Qui les compte, qui ?

Jeanne :
Nous te devons tous ce qui nous réjouit.

Lucas :
Nous te devons ce qui nouais anime.

Simon :
Nous te devons ce qui nous fait vivre.

Jeanne, Lucas, Simon :
Mais nous devons au Créateur le pouvoir de ta force.

Le Chœur et les solistes :
Gloire, o, soleil, gloire !
Source de la lumière et de la vie, gloire !
Toutes les voix t’acclament, la nature t’acclame

N°12 Récitatif

Simon :
Tout s’anime maintenant alentour ; une foule bigarrée couvre la campagne.
Le flot ondulant des moissons s’incline vers le faucheur bruni, la faux étincelle, le blé s’écroule ; mais il se redresse bientôt et s’amoncelle en gerbes serrées.

Lucas :
Le soleil de midi brule maintenant de toute son ardeur et déverse à travers le ciel sans nuages ses puissants torrents d feu.
Sur les terres brulées s’étend, tout en vapeur, une mer éblouissante de lumière et de reflets.

N°13 Cavatine

Lucas :
La nature succombe sous le poids.
Fleurs flétries, prairies desséchées, sources taries : tout montre l’excès de la chaleur ; bêtes et gens allongés sur le sol languissent sans force.

N°14 Récitatif

Jeanne :
Soyez bénis à présent, o sombres bosquets où le toit du vieux chêne forme un abri rafraichissant, où le feuillage du gracile tremble et fait entendre son doux murmure !
Le ruisseau y coule en flots clairs sur la tendre mousse, la couvée multicolore du soleil fourmille en bourdonnant joyeusement ; le souffle du zéphyr répand la senteur embaumée des plantes, et dans le proche buisson retentit le pipeau du jeune berger.

N°15 Air

Jeanne :
Quel réconfort pour l’esprit !
Quel repos pour le cœur !
Une impression rafraichissante inonde chaque veine et fait vibrer chaque nerf.
L’âme se réveille pour ce plaisir charmant et une nouvelle force soulève la poitrine d’une douce impulsion.

N°16 Récitatif

Simon :
Voyez !
Dans l’air alourdi monte vers la haute crête de la montagne un nuage de vapeur et de fumée.
Poussé vers le haut, il s’étend et couvre bientôt tout le ciel de son obscurité.

Lucas :
Ecoutez, comme dans la vallée un sourd grondement annonce la tempête sauvage.
Voyez, comment chargée de malheur, la sombre nuée lentement s’étend et s’abat menaçante sur la plaine !

Jeanne :
En proie à un pressentiment anxieux la vie de la nature s’arrête.
Aucun animal, aucune feuille ne bouge et une paix mortelle règne partout !

N°17 Le Chœur

Ah, l’orage approche !
Aide nous, Ciel !
Oh ! Comme le tonnerre gronde !
Oh ! Comme els vents se déchainent !
Ou pouvons nous nous abriter ?
Des éclairs enflammés labourent les airs, leurs flèches pointues déchirent les nuages et des torrents se déversent sur le sol.
Ou trouver secours ?
La tempête fait rage ; le vaste ciel s’embrase.
Pauvre de nous !
L’un après l’autre les coups de tonnerre éclatent à grand fracas.
Malheur à nous, malheur à nous !
La terre s’ébranle et vacille jusqu’au fond de la mer.

N°18 Trio et Chœur

Lucas :
Les sombres nuages se répandent, la colère de la tempête est apaisée.

Jeanne :
Avant de disparaitre le soleil brille encore une fois et les champs couverts de perles étincelles sous les derniers rayons.

Simon :
Vers son étable coutumière, rassasié et rafraichi revient le bœuf bien gras.

Lucas :
La caille appel déjà son mâle.

Jeanne :
Le grillon chante gaiement dans l’herbe.

Simon :
Et la grenouille coasse dans les marais.

Jeanne, Lucas, Simon :
L’angélus du soir sonne ; l’étoile scintille tout là haut et nous invite au repos.

Les hommes :
Filles, garçons, femmes, venez, nous aurons un doux sommeil, celui qu’un cœur pur, un corps sain et le travail quotidien assurent.

Les femmes :
Nous venons, nous vous suivons.

Le Chœur :
L’angélus du soir à sonné ; l’étoile scintille là haut, etc…


L’automne

N°19 Joie du Paysan à la vue de sa riche moisson

Jeanne :
Ce que, par ses fleurs, le printemps avait promis, ce que par sa chaleur, l’été avait muri, l’automne le montre maintenant en abondance au paysan heureux.

Lucas :
Il ramène maintenant la riche moisson sur la charrette lourdement chargée.
La vaste grange suffit à peine à recevoir ce que son champ lui à donné.

Simon :
Son œil se réjoui, regarde alentour, il mesure les richesses amoncelées et le bonheur emplit son cœur.

N°20 Trio et Chœur

Simon :
Ainsi la nature récompense le travail, l’appelle et lui sourit ; elle l’encourage de ses espérances et l’assiste de bon cœur ; elle l’aide de toutes ses forces.

Jeanne, Lucas :
C’est par toi, o travail, que vient le salut !
La maison qui nous protège, la laine qui nous tient chaud, le pain qui nous nourrit sont ton bienfait et ton cadeau.

Jeanne, Lucas, Simon :
O travail, o noble travail !
C’est par toi que vient le salut.

Jeanne :
Tu inspires la vertu et adoucis les rudes mœurs.

Lucas :
Tu protèges contre le vice et purifies le cœur de l’homme.

Simon :
Tu renforces le courage et le sens du bien et du devoir.

Trio et Chœur :
O travail, o noble travail ! Etc…

N°21 Récitatif

Jeanne :
Voyez comme la jeunesse cour aux boqueteaux de noisetiers !
Sur chaque branche se balance la joyeuse troupe des petits et des arbustes secoués s’échappent les fruits comme une grêle.

Simon :
Là bas le jeune paysan dresse prestement l’échelle le long du grand tronc. De la cime qui le cache il voit approcher son aimée, la noix ronde vole à ses pieds en aimable plaisanterie.

Lucas :
Dans le jardin, près de chaque arbre, il y a des filles grandes et petites et leur teint frais est pareil à celui des fruits qu’elles cueillent.

N°22 Duo

Lucas :
Vous, beautés de la cité, venez !
Regardez la fille de la nature que ni toilette ni fard ne parent !
Regardez ma Jeannette, regardez !
La santé fleurit sur ses joues ; son œil rit de satisfaction et son cœur parle par sa bouche quand elle me jure son amour.

Jeanne :
Petit monsieur doux et fins, éloignez vous !
Vos talents ici s’étiolent et vos paroles doucereuses sont sans effet ; on ne vous prête aucune attention.
Ni l’or ni la richesse ne peuvent nous éblouir.
C’est un cœur sincère qui nous émeut et tous mes désirs sont exaucés si mon Lucas m’est fidèle.

Lucas :
Les feuille tombent, les fruits se flétrissent, les jours et les années passent, mais mon amour demeure.

Jeanne :
La feuille est plus verte, le fruit est plus doux, le jour est plus clair quand tu me dis ton amour.

Jeanne, Lucas :
Quel bonheur qu’un amour fidèle !
Nos cœurs sont unis, seule la mort peut les séparer.

Lucas :
Chère Jeanne !

Jeanne :
Mon bon Lucas !

Jeanne, Lucas :
Aimer et être aimé est la suprême joie, c’est le bonheur et le prix de la vie.

N°23 Récitatif

Simon :
Maintenant, le champ dénudé ne montre plus que d nombreux importuns qui ont trouvé leur pitance dans les chaumes et en errant continuent à chercher.
Le paysan ne se plaint pas du petit larcin qu’il remarque à peine ; mais il ne souhaite cependant pas être la victime d’un dommage important.
Ce qui le garantit contre cela, il le considère comme un bienfait et il paye volontiers son tribut à la chasse qui réjouit tant ses seigneurs.

N°24 Air

Simon :
Regardez les vastes prairies !
Voyez comme le chien file dans l’herbe !
Sur le sol il cherche la trace et la suit sans relâche.
Maintenant son instinct l’entraine ; il n’obéit plus à l’appel de la voix ; il ne pense qu’au gibier, soudain sa course s’arrête, il est à présent immobile comme une pierre.
Pour éviter l’ennemi proche, l’oiseau craintif s’envole ; mais le vol rapide ne le sauve pas. Un éclaire, une détonation, le plomb l’atteint et, mort, l’abat au sol.

N°25 Récitatif

Lucas :
Ici, un cercle se referme et chasse les lièvres du gite.
Pressés de toutes parts la fuite ne leur est d’aucun secours. Ils tombent déjà et gisent bientôt en ragées joyeusement comptées.

N°26 Chœurs des Paysans et des Chasseurs

Les hommes :
Ecoutez les échos bruyants qui résonnent dans la forêt !

Les femmes :
Quels échos bruyants résonnent dans la forêt !

Tous :
C’est le son éclatant des cors, l’aboiement avide des chiens.

Les hommes :
Le cerf traqué fuit déjà poursuivi par les dogues et les cavaliers.

Tous :
Il fuit, il fuit. Oh, comme il court, poursuivi par les dogues et les cavaliers !
Oh ! Comme il bondit ! Oh ! Comme il court !
Voilà qu’il émerge des halliers et traverse les champs pour s’enfoncer dans les fourrés.

Les hommes :
Il a maintenant dupé les chiens ; dispersés, ils cherchent de tous cotés.

Tous :
Les chiens sont dispersés, ils cherchent de tous cotés.

Les chasseurs :
Taïaut ! Taïaut ! Taïaut !

Les hommes :
L’appel des chasseurs, le son du cor les rassemble à nouveau.

Les chasseurs :
HO ! HO ! Taïaut ! Taïaut !

Les hommes et les femmes :
Avec une ardeur redoublée la meute s’élance sur la trace.

Les chasseurs :
Taïaut ! Taïaut ! Taïaut !

Les femmes :
Rattrapé par ses ennemis, désespéré et à bout de forces, le vif animal git maintenant.

Les hommes :
Le son allègre du cor, le joyeux chant de victoire des chasseurs annoncent la fin prochaine.

Les chasseurs :
Hallali ! Hallali ! Hallali !

Les femmes :
La mort du cerf est annoncée par le son triomphant du cor et le joyeux champ de victoire des chasseurs.

Tous :
Hallali ! Hallali ! Hallali !

N°27 Récitatif

Jeanne :
Sur le cep brille maintenant le clair raisin juteux.
Il appel aimablement le vigneron pour qu’il ne tarde pas à la vendange.

Simon :
Déjà les cuves et les tonneaux sont hissés sur la colline et pour le joyeux ouvrage le peuple réjoui s’élance des maisons.

Jeanne :
Voyez comme la montagne fourmille de gens !
Ecoutez comme leurs accents joyeux résonnent de toutes parts !

Lucas :
Le travail s’accompagne de plaisanteries du matin jusqu’au soir, puis le vin nouveau transforme la gaité en explosion de joie.

N°28 Chœur

Tous :
La ! La ! Le vin est là, les tonneaux sont pleins.
Maintenant soyons joyeux et La ! La ! Lère ! Crions à gorge déployée.

Les hommes :
Buvons !
Frères, buvons !
Soyons joyeux !

Les femmes :
Chantons, chantons tous !
Soyons joyeux !

Tous :
La ! La ! Vive le vin !

Les hommes :
Vive le pays où il murit !
Vive le tonneau qui le conserve !
Vive la cruche d’où il coule !

Tous :
La ! La ! Vive le vin !

Les hommes :
Venez frères, remplissez les pots, videz les coupes !
Soyons joyeux !

Tous :
Oh gai ! Soyons joyeux et La ! La ! La ! Crions à pleine voix !
La ! La ! Vive le vin !

Les femmes :
Voilà que sonnent les fifres et tonnent les tambours. Ici grincent les violons, là ronfle la vielle et retenti la cornemuse.

Les hommes :
Déjà les petits trépignent et les garçons sautillent ; là les filles se jettent dans les bras des garçons pour faire la ronde.

Les femmes :
La ! La ! Hop là, sautons !

Les hommes :
Venez, frères !

Les femmes :
La ! La ! Hop là, sautons !

Les hommes :
Remplissez les pots !

Les femmes :
La ! La ! Hop là, venez danser !
Les hommes :
Videz les coupes !

Tous :
Oh, gai, soyons joyeux ! Etc…

Les hommes :
Jubilez, trépignez, sautez, dansez, riez, chantez !
Vidons maintenant la dernière coupe !

Tous :
Puis chantons tous en chœur, pour honorer le noble jus de la vigne : La ! La ! Hop là, Là !
Vive le vin, le noble vin qui chasse soucis et tourments !
Que ses louanges sonnent haut et clair en milliers de cris de joie !
Oh gai, soyons joyeux !
Et la ! La ! La ! Crions à gorge déployée !

L’hiver

N°29 Les épais brouillards marquant le début de l’hiver

Simon :
Maintenant blafarde l’année décline et de froides nuées s’abattent.
Une vapeur grise enveloppe la montagne pour s’étendre ensuite sur la plaine et même à midi le pale rayon de soleil est absorbé.

Jeanne :
Des grottes de Laponie s’approche maintenant le sombre hiver des tempêtes.
Déjà la nature s’engourdie dans un calme angoissé.

N°30 Cavatine

Jeanne :
Lumière et vie sont affaiblis ; chaleur et joie ont disparu. Aux jours maussades succèdent de longues nuits.

N°31 Récitatif

Lucas :
Le vaste lac est figé, le fleuve est paralysé dans son cours.
Dans l’amoncellement de la roche la cascade est arrêtée et muette.
Dans la forêt dépouillée on n’entend aucun bruit.
Un énorme masse de neige couvre les champs, rempli les vallons.
La terre est à présent un tombeau où la force et le charme sont morts, où règnent de blêmes couleurs et où le regard ne rencontre plus qu’étendues mornes et désolées.

N°32 Air

Lucas :
Ici le voyageur s’arrête, dérouté et hésitant sur la direction qu’il doit prendre.
En vain cherche-t-il sa voie : ni chemin ni trace ne le guide.
C’est en vain qu’il s’obstine et piétine dans la neige profonde ; il ne fait que s’égarer d’avantage.
Son courage à présent l’abandonne et l’effroi glace son cœur, car il voit baisser le jour, la fatigue et le froid paralysant ses membres. Soudain son œil aux aguets aperçoit le scintillement d’une lumière proche.
Il revit alors ; sont cœur bat à tout rompre.
Ilva, il court vers le refuge où transi et épuisé, il espère le réconfort.

N°33 Récitatif

Lucas :
Comme il approche, résonne à son oreille, d’abord effrayée par le vent hurlant, le son vif de voix claires.

Jeanne :
Dans la chaude salle, il voit alors les gens du voisinage réunis en cercle intime pour passer la soirée à de petits travaux et à bavarder.

Simon :
Près du poêle les vieux parlent du temps de leur jeunesse.
Là bas le groupe animé des jeunes tresse les tiges d’osier en corbeilles et en nasse et fait des filets.
Les mères filles la quenouille, les filles tournent le rouet ; une chanson joyeuse et simple stimule leur ardeur.

N°34 Chant avec Chœur

Les femmes et les filles
Ronronne, bourdonne, ronronne !
Bourdonne petit rouet, bourdonne !

Jeanne :
Tourne, petit rouet long et fin, tourne fin un petit fil pour ma gorgette !

Les femmes et les filles
Ronronne, bourdonne, ronronne !
Bourdonne petit rouet, bourdonne !

Jeanne :
Tisserant, tisse doux et fin, tisse la fine voilette que je mettrai à la kermesse.

Les femmes et les filles
Ronronne, bourdonne, ronronne !
Bourdonne petit rouet, bourdonne !

Jeanne :
Blanc dehors et pur dedans doit être le sein de la jeune fille, bien couvert par sa voilette.

Les femmes et les filles
Ronronne, bourdonne, ronronne !
Bourdonne petit rouet, bourdonne !

Jeanne :
Blanc dehors et pur dedans, zèle, piété et sagesse attirent honnête galants.

Le Chœur :
Blanc dehors et pur dedans, zèle, piété et sagesse attirent honnête galants.

N°35 Récitatif

Lucas :
Le lin est filé, les rouets sont enfin immobiles.
Le cercle se resserre, les hommes approchent ; on est attentif à la nouvelle histoire que Jeanne va maintenant conter.

N°36 Chant avec Chœur

Jeanne :
Une jeune fille qui faisait cas de l’honneur fut aimée jadis d’un gentilhomme ; il la convoitait depuis longtemps et la rencontra enfin seule.
Il sauta vite de son cheval et lui dit : Viens, embrasse ton seigneur !
Elle s’écria de peur et d’effroi : Ah ! Ah oui, d tout cœur.

Le Chœur :
Aïe, Aïe, pourquoi n’a-t-elle pas dit non ?

Jeanne :
Rassure toi, dit il, hère enfant et donne moi ton cœur, car mon amour est fidèle, ni frivolité ni plaisanterie.
Je te rendrai heureuse : prends cet argent, cet anneau, cette montre en or !
Et si j’ai encore quelque chose dit le et exige le !

Le Chœur :
Ah, ah, voilà qui est bien parlé !

Jeanne :
Non, dit elle c’est trop risquer, mon frère pourrait nous voir et s’il le disait à mon père qu’adviendrait il de moi ?
Il labour près d’ici.sinon j’accepterai volontiers.
Regardez, de cette colline là vous pouvez voir le laboureur.

Le Chœur :
Oh, oh, qu’est ce que cela signifie ?

Jeanne :
Tandis que le gentilhomme grimpe et regarde, la fille leste s’élance sur son cheval et s’enfuit plus rapide que le vent.
Au revoir cri elle, gracieux seigneur !
Je venge ainsi mon affront.
Comme fixé au sol il la regarde stupéfait.

Le Chœur :
Ah, ah, c’est bien fait

N°37 Récitatif

Simon :
Venant de l’est aride monte un souffle glacé.
Cinglant, il traverse les airs, il chasse toute vapeur et même l’haleine des bêtes.
Du tyran rigoureux, de l’hiver la victoire est complète et une muette terreur oppresse toute l’étendue de la nature.

N°38 Air et récitatif

Simon :
Regarde ici, homme insensé, regarde, c’est le miroir de ta vie.
Ton court printemps est flétri, la force de ton été est épuisée.
Déjà se fane l’automne de ton âge ; déjà s’approche le pâle hiver et le tombeau ouvert apparait.
Où sont ils donc les projets ambitieux ; les espoirs de bonheur, la quête d’une vaine gloire, le lourd fardeau des soucis.
Où sont-ils donc les jours d’ivresse dissipés dans les voluptés ?
Et les joyeuses nuits de veille et de tumulte ?
Ils ont disparus comme dans un rêve, seule reste la vertu.
Elle reste seule et nous conduit inflexiblement par les saisons et les années, par les peines et les joies vers l’idéal le plus haut.

N°39 Trio et double Chœur

Simon :
Enfin le grand matin va poindre !
La deuxième parole du tout puissant nous appelle pour une nouvelle existence, libérée à jamais du tourment et de la mort.

Lucas, Simon :
Les portes du ciel s’ouvrent, la montagne sacrée apparait, couronnée du divin tabernacle où trônent le repos et la paix.

Chœur :
Qui peut franchir la porte ?

Jeanne, Lucas, Simon :
Celui qui rejeta le mal et fit le bien.

Chœur :
Qui peut gravir la montagne ?

Jeanne, Lucas, Simon :
Celui dont les lèvres disent la vérité !

Chœur :
Qui peut habiter le tabernacle ?

Jeanne, Lucas, Simon :
Celui qui secouru les pauvres et les opprimés.

Chœur :
Qui jouira là haut de la paix ?

Jeanne, Lucas, Simon :
Celui qui protégea l’innocence.

Chœur :
Voyez ! Le grand jour approche.
Voyez ! Il brille déjà.
Les portes du ciel s’ouvrent ; la montagne sacrée apparait.
Ils sont passés, ils sont loin, les jours de souffrance, les orages de la vie.
Un printemps éternel règne et une infinie béatitude sera la récompense des justes.

Jeanne, Lucas, Simon :
Qu’elle soit aussi notre récompense ! Agissons ! Travaillons !

Chœur :
Luttons, espérons, pour y parvenir. Que ta main nous conduise Seigneur !
Donne-nous la force et la ferveur ; nous vaincrons alors et parviendrons jusqu'à ton royaume de lumière.
Amen
Concertgebouw le 24 janvier : Die Jahreszeiten, Joseph Haydn avec le Nederlands Kamorkest.
Je vous invite à aller voir cette œuvre sans comparaison avec les 4 saisons de Vivaldi. Ici la Nature est présente, mais plus en corrélation avec la vie, l’activité des paysans. Plus en tan que mère, offrant à ses enfants les fruits qui vont les nourrir. Le cycle des saisons permet d’avancer sur le chemin de la vie et à la fin de celle-ci de rejoindre le grand créateur. Une allégorie pleine de saveur. Merci

Bonne écoute !

1 commentaire:

Unknown a dit…

Chère Catherine,
Je vous remercie de cette publication du livret des Saisons. Je tiens un blog sur la culture de la vigne et du vin, et j'ai mis un lien vers votre site pour documenter un article sur le choeur des vendanges
http://closdesvolontaires.blog.lemonde.fr/2010/05/02/juhe-der-wein-ist-da/
(j'ai aussi trouvé un site ... vietnamien où on peut l'écouter en ligne).
Bien cordialement
Marc Lesk
"au bon clos"