mardi 27 mars 2007

La procession du Miracle : Stille Omgang

Le miracle

Amsterdam est parfois appelé la ville du miracle.

La capital des Pays Bas n’a pas gagné cette réputation pour sa permissivité, mais parce qu’un pèlerinage s’y effectue depuis le moyen âge. Suivant la tradition, le 15 Mars 1345, un homme malade se mourrait dans sa maison de Kalverstraat.
Pensant sa mort prochaine on fit querir un prêtre pour lui administrer les derniers sacrements, notamment la communion. Après avoir reçu l’hostie consacrée, l’homme malade vomi.
Comme le voulait la coutume ce qu’il avait rendu fut jeté au feu. Le lendemain matin l’hôtesse découvrit l’hostie intact. Elle fut mise dans une boite et apportée au prêtre de la paroisse (Oude Kerk), mais par deux fois l’hostie retourna miraculeusement dans la maison de Kalverstraat.

Ce fut le début de la tradition connue à Amsterdam sous le nom de la Procession du Miracle. Depuis lors les gens ont pensés qu’ils devaient parler du Miracle qui était arrivé.

Quelques années plus tard une chapelle fut construite sur le lieu du Miracle.

La vénération de ce miracle médiévale explique qu’Amsterdam devint un important centre de pèlerinage. Il advint en 1578 que la cité d’Amsterdam décide de se convertir au Protestantisme. Les services Catholiques furent interdits et les messes dites dans des églises cachées. Mais la tradition du Miracle était tellement importante au 17 et 18 ème siècle que les croyants arrivèrent à organiser une procession à une échelle plus limité.
La tradition fut perpétuée à travers quelques églises telles que celle du Béguinage.

La procession

Quand la foi Catholique fut restaurée au 19 ème siècle, le désir grandissant d‘émancipation envers l’église Catholique amena à planifier une Procession silencieuse. L’idée d’origine vient d’un groupe d’amis, des hommes de loi, qui s’est transmis jusqu'à nous et qui est en fait la continuation de la Procession du Miracle.

Chaque année, une centaine de gens de tout le pays prennent part à la procession.
La plupart sont Catholiques, mais pas tous.
Les gens marchent, font du vélo ou viennent en bus à Amsterdam pour se joindre à la procession. Le point culminant est une messe dite dans l’une des églises de la paroisse.

Chaque année une intention spécial est choisit comme sujet de réflexion ayant trais à un thème de la vie courante moderne.
De nos jours, la Procession silencieuse à différentes significations en fonction des personnes.
Pour certaines cela représente la tradition d’origine, la présence du Christ lors du Miracle de l’hostie.
Pour d’autre le sacrifice d’une nuit de sommeil dans la période du carême.
Pour d’autres encore la procession à un caractère méditatif concernant l’intention spécial qui est choisie.


A travers le silence et l’absence de signe distinctifs (pas de chants, pas d’attributs religieux), les participants se sentent reliés les uns aux autres et impliqués dans les activités de la vie de la cite qu’ils traversent.
La boucle du parcours dans la ville s’effectue en une heure de marche
Chaque année, la semaine du Miracle commence le mercredi qui suit le 12 Mars.

Du mercredi au samedi, des messes sacrées et des dévotions sont célébrées dans l’église du Béguinage. Mais la grande manifestation annuelle reste celle de la Procession silencieuse, elle se déroule dans la nuit de samedi à dimanche jusqu’à quatre heures du matin.
A cette occasion des programmes spécifiques sont mis en place dans certaines église, cette année Mozes en Aäronkerk proposait tout un programme pour les plus jeunes.

En début de soirée, je me suis retrouvée dans l’église du Béguinage ou une célébration en hollandais commençait. La langue me reste encore très hermétique et je suis rapidement sortie. Sur la place du Spui les gens se rassemblaient. Dans une ambiance chaleureuse à grand renfort de sourire et d’accolades. Les premiers fêtards de la Saint Patrick, patron des Irlandais, croisaient les pèlerins qui se regroupaient. J’ai traversé le Singel pour entrer dans Oude Lutherse Kerk. L’église était pleine à craquer. Je suis montée au balcon pour essayer de participer. Mais là encore la barrière de la langue est terrible.

En fait j’ai continué la soirée en écumant les pubs Irlandais en bonne compagnie, avec des concitoyens que je comprenais. La barrière de la langue est parfois un obstacle difficile à surmonter.
La voie de la facilité et de la fête était toute tracée. Amsterdam est pourvue en Pub Irlandais, mais un seul nous a offert de la musique en live. Le cidre coulait à flot, la musique celtique réveillait en moi des échos familiers.
Et de temps en temps, en changeant de Pub, je retrouvais le décalage avec ce qui se vivait ce soir là dans Amsterdam.

La procession croisait le chemin de la faune nocturne d’Amsterdam.




Elle passait dans le quartier rouge.
Définition du quartier rouge : derrière chaque vitrine éclairée d’un néon rouge, des prostituées attendent le client. Il leur est interdit de se montrer en vitrine nues, alors elles en cachent le minimum. Le quartier regorge de pubs où la bière coule à flot, de coffee shop ou de jeunes touristes viennent s’étourdir avec des drogues « douces » et de sex-shops.


L’atmosphère est surréaliste, on se croirait dans un parc d’attraction sexuel où tous les soirs sont lâchés des bus entiers de touristes japonais et d’adolescents. Junkies en mal d’une dose, paumés de tous âges croisent les hommes d’affaires en goguette.
Et la procession passe silencieuse…

Deux mondes aux antipodes se côtoient se soir là !
Je comprends mieux la portée du geste de ses pèlerins silencieux, cela force le respect.

Car en fait je crois qu’il s’agit de cela. Respect de la personne humaine.

L’année prochaine, je ne fêterais pas la Saint Patrick, je marcherais moi aussi !

Et vous, vous auriez fait quoi ?

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