jeudi 29 mai 2008

La danse des grand-mères, Clarissa Pinkola Estés


Jaquette :

"Il existe une tradition ancienne qui veut que lorsqu'une fille se marie, les vieilles femmes essaient de tuer le marié avant qu'il ne gagne la chambre nuptiale. Et leur arme, c'est la danse."
Quand les "femmes qui courent avec les loups" atteignent la maturité, vient le temps de "la danse des grand-mères". Vivre pleinement, développer sa vision intérieure, écouter son intuition, tel est le message de ces aînées que rien n'arrête. Elles sont une source inépuisable de force vitale et nous transmettent inlassablement un trésor de sagesse.
À travers les mythes et les métaphores, la psychanalyste et conteuse Clarissa Pinkola Estés touche le cœur et l'intelligence des femmes de tous âges.

Extrait

Premier chapitre :

Ah, chère Ame courageuse... Bienvenue... Entre, entre donc... Je t'attendais... oui, toi et ton esprit ! Je suis heureuse que tu aies trouvé le chemin... Viens, assieds-toi auprès de moi. Laissons un peu de côté " toutes ces choses qu'il nous reste à faire ". Nous aurons le temps plus tard. Le jour lointain où nous nous présenterons à la porte du paradis, je t'assure qu'on ne nous demandera pas si nous avons bien manié le balai. On nous interrogera sur la profondeur de l'existence que nous aurons choisi de vivre plutôt que sur le nombre de " broutilles essentielles " par lesquelles nous nous serons laissé déborder. Donc, pour le moment, autorisons-nous quelques calmes pensées avant de reparler du monde et de son tumulte... Installe-toi sur cette chaise. Elle me paraît convenir à ton corps précieux. Bien. Maintenant, prends une longue inspiration... Laisse tes épaules retomber, retrouver leur forme naturelle. N'est-ce pas agréable de respirer cet air pur, tout simplement ? Inspire encore. Voilà... Je t'attends... Tu vois ? Tu es plus calme, maintenant, plus présente. J'ai allumé le feu juste pour nous ; il brûlera jusqu'au bout de la nuit, assez longtemps pour accompagner toutes les " histoires dans les histoires " à venir. Accorde-moi quelques instants, le temps de finir de nettoyer la table avec de la menthe fraîche. On va sortir le beau service et boire ce qui est réservé " aux grandes occasions ". Les " grandes occasions ", ce sont en fait celles que l'âme préside. Tu as remarqué ? Cette tendance à trop vouloir " réserver ", c'est la façon un peu grognon qu'a le moi de faire savoir que pour lui, l'âme ne mérite pas qu'on mette chaque jour les petits plats dans les grands. Eh bien si, elle le mérite. Restons donc assises ensemble, comadre 1, rien que nous deux... et l'esprit qui se crée chaque fois que deux âmes, ou plus, se réunissent dans l'attention et le respect mutuels, chaque fois que deux femmes ou plus parlent " des sujets qui comptent vraiment ". Ici, dans ce refuge à l'écart de tout, l'âme est autorisée... et encouragée à dire le fond de sa pensée. Ici, ton âme est en bonne compagnie. Ici, à la différence du monde extérieur, ton âme est en sécurité. Détends-toi, comadre, ton âme est en sécurité. Si tu es venue me voir, c'est peut-être parce que tu souhaites vivre de manière à connaître le bonheur d'" être jeune dans la vieillesse et vieille dans la jeunesse ", comme je le dis, c'est-à-dire à avoir en toi un bel ensemble de paradoxes maintenus dans un équilibre parfait. N'oublie pas que le terme paradoxe est à prendre au sens d'idée contraire au sens commun. Cela s'applique à la grand-mère, la gran madre, la plus grande des femmes, car elle est en train de devenir une femme sage, qui assure la cohésion des capacités de la psyché profonde, illogiques en apparence, mais fondamentalement empreintes de grandeur. Ces grands attributs paradoxaux sont, globalement : posséder la sagesse tout en cherchant sans cesse à apprendre ; être à la fois spontanée et fiable ; follement créative et constante ; audacieuse et vigilante ; entretenir la tradition et posséder une authentique originalité. Tu verras, je l'espère, que tu possèdes dans une certaine mesure tous ces attributs, que ce soit en puissance, en partie ou intégralement. Si tu es intéressée par ces contradictions divines, tu es intéressée par l'archétype mystérieux et fascinant de la femme sage, dont la grand-mère est l'une des représentations symboliques. L'archétype de la femme sage appartient aux femmes de tout âge et il se manifeste de manière unique, sous des formes particulières, dans la vie de chacune d'entre elles. Parler de l'imago profonde de la grand(e) mère en tant que l'un des aspects majeurs de l'archétype de la femme sage n'est pas parler de l'âge chronologique ou d'une étape de la vie féminine. Une grande perspicacité, une grande prescience, une grande paix, une grande expansivité, une grande sensualité, une grande créativité, une grande acuité et une grande audace dans l'acquisition des connaissances, c'est-à-dire ce qui fait la sagesse, n'arrive pas d'un coup, à un certain âge, et ne vient pas se poser comme un manteau sur les épaules d'une femme. Une grande clarté de l'esprit et de la perception, l'amour dans ce qu'il a de plus grand, une grande connaissance de soi, ample et profonde, la sagesse qui croît en finesse au fur et à mesure qu'on l'applique... tout cela constitue toujours " une œuvre en cours " quel que soit le nombre des années. Souvent, c'est à travers les accidents de la vie, envols de l'esprit, erreurs de parcours et nouveaux départs qui interviennent à mi-parcours, ou plus tôt, ou plus tard, que l'on construit la " grandeur ", par rapport au simple " ordinaire ". Ce qui est récolté après la catastrophe ou la bonne fortune... l'esprit, le cœur, le mental et l'âme de la femme le forment, puis le mettent en pratique... jusqu'à ce qu'elle ne soit pas seulement compétente à sa manière paradoxalement sage... mais souvent aussi maîtresse de sa façon de vivre, de voir et d'exister.


Chaque arbre possède sous la terre une version première de lui-même. L'arbre vénérable abrite un 'arbre caché' souterrain, constitué par un réseau de racines vitales qui s'abreuvent en permanence à des eaux invisibles. A partir de ces racines, l'âme cachée de l'arbre fait monter l'énergie afin que sa vraie nature, sage et audacieuse, puisse s'épanouir au-dessus du sol. Il en va de même avec l'existence d'une femme. Malingre ou flamboyante, quel que soit l'état dans lequel elle se trouve en surface... il y a en dessous d'elle une "femme cachée" qui entretient l'étincelle d'or, cette énergie éblouissante, cette source d'âme qui ne tarit jamais. La 'femme cachée' tente toujours de faire remonter cette force vitale... à travers le sol aveugle pour nourrir sa partie haute et le monde à sa portée. Ses périodes d'expansion et de réinvention dépendent de ce cycle. Avez-vous jamais aimé d'amour un arbre ?

Pour les filles et toutes les ainées qui sont la preuve vivante qu’en dépit des dénégations de la société, des peines de cœur, des erreurs de parcours, des chutes et des brulures, l’âme revient toujours à la vie, vit encore et avec intensité… pour toutes les filles et toutes les ainées qui savent depuis plus ou moins longtemps que malgré leurs points faibles et les dénégations du moi, elles sont nées avec la sagesse chevillée au corps et à l’âme et que c’est à la fois leur héritage d’or et leur étincelle d’or. Pour toutes les filles et toutes les ainées qui travaillent à l’essentiel, à savoir faire la preuve qu’une femme est comme un arbre qui, par sa capacité à bouger au lieu de rester statique, peut survivre au plus violentes tempêtes et aux pires dangers et continuer à se dresser par la suite vers le ciel, et qu’elle peut toujours, elle aussi, se mouvoir, osciller et poursuivre la danse. Pour toutes les filles qui sont elles mêmes soit en début, soit en fin de formation pour devenir des « majestés ordinaires », aussi sage, et sauvages, et dangereuses qu’elles sont appelées à l’être, c'est-à-dire énormément. Enormément



C’est « l’es sens » de la grand-mère qui nous est ici conté, à travers différents mythes, archétypes. La mission des grand-mères qui va être la transmission de sagesse, de vie, de beauté, de vitalité…C’est un livre qui interpelle, qui ne laisse pas indifférente.

Je vous livre ses phrases qui sont des raccourcis :

" Quand quelqu'un vit vraiment, les autres en font autant. "
" Etre jeune dans sa vieillesse, vieille dans sa jeunesse "

A lire absolument pour mieux appréhender le monde autour de soit.

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